cette vieille plainte sur la brièveté de la vie et sur la rigueur du destin qui nous condamne, tous tant que nous sommes, à mourir. Mais cette Mort inexorable, qui nous laisse crier en se bouchant les oreilles, cette fatalité morne à laquelle rien n’échappe, n’avait pas chez les anciens ce caractère de suprême justice qui attache la vengeance du pauvre à la mort du riche, le triomphe de l’opprimé à la chute de l’oppresseur. Cette idée est fille du moyen âge ; elle est née du profond malheur de ces temps féodaux où le pauvre victime du riche, le faible du puissant, trouvaient une satisfaction secrète à voir la Mort frapper au-dessus de leurs têtes ceux qui les dominaient de si haut, et se consolaient de descendre dans la tombe par la pensée que ces maîtres orgueilleux auraient aussi leur heure fatale.
C’est vers le XVe siècle que la Mort prend chez nous ce caractère de grand justi-