Page:Ronchaud - Le Filleul de la mort, 1880.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
LE FILLEUL

l’ambassade d’un roi voisin dont la fille était en danger de mort. Il part, sa poudre en poche, il arrive en hâte au chevet de la princesse.

Il était temps : dans sa frêle poitrine
Avec effort un dernier souffle errait.
Près de quitter cette forme divine,
L’âme hésitait, comme un dernier attrait
La retenait : l’enfant était si belle !
Ses grands yeux clos avaient un charme encor.
La dernière heure avait versé sur elle
Une beauté, la grâce de la mort.

La Mort était là, en effet. Le jeune médecin la voit, mais il voit en même temps la jeune fille expirant dans la fleur de sa beauté.

Il la regarde, et cet aspect l’enchante.
En la voyant si belle et si touchante,
De prime étrenne il lui donna son cœur,
Mais sans espoir. Il attachait son âme
À ce rameau, sachant qu’il se brisait.

Bref, le médecin guérit la princesse, et meurt lui-même à sa place. La cruelle marraine ne fit pas grâce au filleul qui l’avait bravée ; saisi par elle, il ne vit pas renaître