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Je vous suis trop servant, j’aime trop vostreface
Et le bénin acueil de vostre bonne grâce.
Croyez asseurément que, tant que je vivray,
Pour vostre nom aimé ma vie je mettray. »

L’autre, mieux embouché des mots de rhétorique,
Fera sembler le blanc esîre couleur lybique,
Et, sous le voile feint d’un langage fardé,
Ornera son propos de tropes mignardé,

"Si le Ciel, dira-il, Madame, m’a faict naistre
Pour vous estre servant, comme je désire estre,
Et si le mesme Ciel vous a mis icy bas
Pour sa bénignité ensuyvre pas à pas,
Si vous n’avez le cœur d’une fiere lionne,
Si à vous voir encor vous ne semblez félonne,
Pourquoy differez-vous à me donner secours.
Sans jouyr entre nous de nos douces amours ?
Et pourquoy souffrez-vous qu’en mourant je m’escrie
Que je meurs pour aimer trop une fiere amie ? »
 
Qui ne seroit deceue à si miellez propos,
Superbes, importuns, fâcheux, fiers, sans reposa
Voila comme quelqu’une, entre tant de pucelles,
Laisse cueillir le fruit de ses pommes plus belles.
Plus par ravissement et par déception
Que pour avoir en eux mis trop d’affection.
trompeuse esperance ! et bienheureuse celle