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Argus n’y voirra rien entre tant de vertus
Desquelles ces feuillets seront en brief vestus :
Car de vouloir parfaire un si hautain ouvrage,
Mon bas stile perdroit sa force et le courage.
Qu’on ne me vante plus des hommes les combats ;
Qu’on ne me chante plus la force de leur bras :
Hé ! quel homme osera, fut-il grand capitaine,
Parier sa vertu à la Camillienne,
Camille, qui jadis fut pleine de valleur,
En prouesse et conseil du monde seul honneur ?

Pentasilée quoy, ce foudre de la guerre,
De laquelle le nom demeure encor en terre
Et vivra pour jamais ? Et quoy Semiramis,
En qui Pallas avoit sa plus grand’ force mis ?
Tant que les vens seront, jamais leur renommée
Glorieuse n’ira au gré de la fumée,
Valasque et Zenobie, en temps de nos ayeux,
Se sont acquis un nom tousjours victorieux ;
Mais le siècle antien n’en a point tant de milles
Que le nostre n’en ait encor d’aussi habilles.

Allons donc plus avant, venons à la douceur
Et sainte humanité dont est rempli leur cueur.
S’est-il trouvé quelqu’un qui eut l’ame saisie
De semblable bonté, faveur et courtoisie ?
Le ciel voûté n’a point tant de luisans brandons