la douce Lucile est la rançon du bonheur de son frère. Le drame est pénétré d’une tension d’âme si continue, qu’elle compose une unité scénique mille fois plus grande que toutes les « actions » résultant des faits. Enfin il y a des formules très hautes, très fortifiantes. « L’homme libre a-t-il un autre but que de vivre son rêve et d’accomplir son œuvre dans la plénitude de son être ? » — « Chaque âme est une pensée de Dieu qui a pour flambeau son amour. »
Dans Léonard de Vinci a été retracée en contours lumineux la forte image de celui qui fut comme la perfection de l’Italie Renaissante.
Si Édouard Schuré se pencha avec une telle avidité sur le père de La Joconde, c’est que son intuition avait discerné en cette âme une arène de sublime bataille. C’est qu’il en avait vu les secrètes fibres ravagées, tordues, disloquées par les plus atroces des luttes humaines, par le conflit dans un même cœur de la Science et de la Foi.
« Aimer le ciel et la terre d’un égal amour » et aimer, de cette terre, son plus radieux trésor, la Femme, complète et idéale, tandis que l’ambition et la gloire, eux aussi, réclament leurs droits — quel plus beau champ d’enthousiasme pour un Schuré ! Et quand cet homme s’appelle Léonard et que cette femme est la Joconde, et qu’il s’agit de deviner avec la seule intuition de son cœur et la clairvoyance de son initiation, ce qui a jailli de passions et d’émois entre ces deux êtres au-dessus des êtres, — nous sentons bien que ce qui bouillonne en l’esprit du dramaturge, c’est comme une