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gie intime » — telle est l’excellente définition que donnait Henry Bérenger à propos de l’Ange et la Sphynge[1].

Dans ce livre comme dans la Prêtresse d’Isis, c’est l’éternelle bataille entre la bête et l’ange, entre la chair et l’esprit. On devine d’avance auquel des deux l’idéalisme de Schuré donne la victoire finale.

Ce qui nous frappe dans ces œuvres et ce qui en constitue la moralité, c’est le rôle omnipotent qu’y jouent l’Amour et la Volonté, ces deux armes de l’âme qui est bien décidément « la clef de l’univers » et le seul moyen de le comprendre. Il y a donc là plus qu’une rénovation littéraire. Il y a des prolongements poignants lancés dans le monde de l’invisible, comme des arches de granit jetées de l’autre côté du grand abîme et qui nous relient, nous les hommes, à la Terre Promise.

IV. — Théâtre

On peut présumer que ce furent les belles journées de Bayreuth, suivies plus tard des représentations ibséniennes, qui poussèrent Schuré à s’exprimer par la scène. L’apôtre qui, en lui, fermente sous le poète, trouvait ainsi le plus sûr moyen d’enseigner aux foules son noble évangile d’idéalisme. Dans des cadres comme le siècle de Constantin ou notre Révolution de 89, les tragédies de l’âme et leurs acteurs prenaient un relief passionnant, faisaient ressortir aux yeux des

  1. Revue Encyclopédique, 15 mai 1897.