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aurait sans doute conté avec bonheur ces Grandes Légendes de France, où Édouard Schuré nous raconte — avec quelle grâce sensible ! — les songes de l’antique Alsace, les austères ravins de la Grande-Chartreuse, le Mont-Saint-Michel battu des vagues, le génie celtique de la Bretagne pétrie de fées.

En ces pages de résurrection, s’affirment une science historique très sûre, le sens des superstitions populaires, la notation du merveilleux opérant sur les cerveaux incultes et tous ces rudes frissons de l’âme des masses qui, à travers les âges et malgré le changement des institutions, sont demeurés presque immuables.

C’est un exposé des traits saillants de l’ancienne France, dans la région qui surplombe la Loire, où s’entrechoquèrent Germains et Celtes, Normands et Ripuaires. Et certaines histoires de jadis sont touchantes.

II. — Poésie

Dans les trois recueils de poèmes où le rêve ailé d’Édouard Schuré ne pouvait manquer de chercher un mode verbal, — Les Chants de la Montagne, La Légende de l’Alsace, La Vie mystique — nous retrouvons ce tourment de l’infini qui est la pierre de touche des grandes âmes.

« L’aspiration à la vie spirituelle à travers la vie passionnelle », telle est la synthèse de cette étrange Vie mystique où des poèmes comme Le Voile de l’Ombre font servir le rythme et la rime à un drame de métaphysique. C’est d’ailleurs là