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passait aux yeux d’une femme qui, à peine née, avait déjà tant souffert, voilà ce qui, de son cœur, devait glisser au cœur d’Édouard Schuré et lui donner la force de se réaliser tout entier, merveilleusement.

C’est à propos des Sanctuaires qu’on a comparé Schuré à M. Renan.

Une même forme poétique les rapproche. Ils ont l’un et l’autre une clarté de style, une chasteté dans l’image et une sérénité descriptive qui rappellent le Cantique des Cantiques. Mais le doux sourire si las, si sceptique du rêveur de Tréguier se transforme, chez celui de Strasbourg, en une expression de conviction, de certitude robuste, d’allégresse communicative.

L’un murmure : « Qui sait ? » L’autre affirme : « Je sais ».

Peut-être Renan eût-il, lui aussi, scruté les Initiés sous l’angle ésotérique, mais il n’eût point conclu par cette confiance indestructible en la régénération du monde par le culte de l’Âme. Il n’eût point jeté à ses disciples ce beau cri de combat : « Affirmons la vérité de l’Idéal sans crainte et aussi haut que possible. Jetons-nous pour elle et avec elle dans l’arène de l’action, et par dessus cette mêlée confuse, essayons de pénétrer dans le temple des Idées immuables ». C’est que Renan ne fut qu’un poète, et qu’en Schuré vit un apôtre.

En revanche, l’auteur des Drames Philosophiques