plus élémentaire et plus pure, s’entretenait sans intermédiaire avec les forces cachées de la nature, baignait directement dans l’éther translucide du Grand Tout, communiait étroitement avec le Maître des forêts, des ruisseaux et des plaines, jusqu’à devenir pour ainsi dire l’âme du Monde et à participer à son évolution.
C’est dans l’étude sur l’Égypte[1] que nous trouvons cette profession de foi du précurseur alsacien : « On recommence à se douter que le monde moral ne serait pas possible sans un principe intellectuel et ordonnateur, formant à la fois le sommet et la balance, l’origine et la fin de l’Univers ; que le monde naturel et visible qui sert de base évolutive à ce monde moral, n’est lui-même pas concevable sans le double principe de l’intelligence créatrice et de l’âme sensible à tous les degrés, dans toutes les sphères de l’être ».
L’Égypte, la Grèce, la Palestine sont les terres d’élection où le bel optimisme d’Édouard Schuré promène son flambeau réconfortant.
C’est dans le chapitre où défile Corfou que notre sensibilité palpitera davantage à l’évocation délicieuse — et si mélancolique ! — de la chère ombre languissante de Marguerite Albana. Quelle fièvre, jaillie des cèdres de cette Villa Reale qui reçut les chants d’adieu de la jeune Corfiote, pareils à des élégies déclinantes ! La Grèce libre, la beauté de vivre, l’Amour, voilà ce qui alors
- ↑ Sanctuaires d’Orient.