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de la Conscience et ce culte du Scrupule qui sont une des plus fortes caractéristiques de la Réforme.

Après avoir perdu sa mère dès l’âge de 4 ans — deuil qui devait influencer toute sa jeunesse si ardente — Édouard Schuré fréquente le gymnase de Strasbourg, de 1848 à 1859. Il semble bien que c’est à l’autoritarisme de ses maîtres, à la compression ultra-piétiste de son directeur spirituel, que nous devons ces âpres révoltes du collégien qui devaient aboutir, chez l’homme mûr, à une totale libération des dogmes, à la plus fière, à la plus hautaine indépendance mystique, et, pour tout dire, au triomphe de l’Âme souveraine, dans la plénitude de son rayonnement, de sa foi intérieure et de ses espoirs d’éternité.

C’est à l’âge de 15 ans que, par suite de la mort de son père, il commence à prendre — si jeune — la responsabilité de vivre. Ses tendances à la littérature ne tardent point à s’affirmer, et il se nourrit de Gœthe, Schiller et de nos Romantiques avec une avidité impétueuse. D’ailleurs, dès sa licence en droit passée pour agréer à son grand-père, il se fixe à Paris qu’il ne quittera plus guère que pour de féconds voyages sur les rives latines.

C’était déjà un adolescent passionné de rêve et à l’imagination assoiffée d’idéal.

Dans cet Alsacien à la taille élevée, au port altier et fier, à la stature de grand guerrier Viking, dans ce corps athlétique d’un conquérant de chevalerie qui s’en irait lutter pour quelque toison d’or, — un poète dormait, qui bientôt