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dont il faudra tenir compte. Les formes vieng, tieng (1re pers. sing. la 3e est vient), constamment écrites ainsi dans nos textes, constituent un phénomène analogue à celui que nous étudions ; tienc, écrit par c, se trouve p. ex. au v. 423 du Dit de l’empereur Coustant (Romania VI, 167). Criem (tremo), après avoir changé m en n, devint crieng Rich. 1622, mais crienz Jourd. 159, ce qui prouve qu’il y a une certaine similitude entre les formes verbales terminées par g et celles terminées par c (z). Or le g de vieng, qui indiquait vraisemblablement que l’n était mouillée (n+y), ne s’explique que par l’i de venio. — Venir, tenir, ainsi que les verbes à dentale finale, ont dans nos textes à la 1. et 3. pers. du subjonctif la terminaison ge. Aiol 393 vienge, 472 confonge, 1421 perge, 1495 prenge, 600 meche. Ces formes s’expliquent encore par l’i de la terminaison latine iam (cfr. Chaban. p. 72, note). Or, un rapport entre l’indic. prés. perc et le subjonct. perge est vraisemblable a priori, et il se trouve confirmé par le fait que le présent rent, lorsqu’il est suivi du pronom je, est écrit à plusieurs reprises dans Aiol (6384, 8572) ren ge et non renc je ; ren ge coïncide avec le subjonctif renge. Tous ces indices nous signalent i comme source du c ; nous avons vu déjà qu’au prétérit c dérive vraisemblablement de i. De plus, le c de fierc et de muerc (qui se rencontre ailleurs) ne s’explique que par l’i de ferio et de morio (voy. Chab. p. 70, note). Il est donc probable que le c (z) de desfenc, renc..... est dû à l’influence d’un i. Seulement il n’en résulte pas qu’on ait le droit d’admettre des thèmes latins portio, defendio... À l’exception d’Aiol, l’emploi des formes assibilées est beaucoup trop irrégulier pour cela ; il nous semble plus probable que l’assibilation se soit développée sous l’influence du subjonctif. Les radicaux terminés par m (criem, aim) ont commencé par changer m en n, puis ont suivi l’analogie de : venio ou des radicaux terminés par des dentales. On voit maintenant pourquoi s ne paraît pas dans nos textes à la 2e pers. de l’impératif qui avait, du reste, à la première conjugaison la finale e ; mais on pourrait s’attendre à ce que l’assibilation eût gagné la 3e pers. du prés. de l’indic. sous l’influence de la 3e du subj. perge, confonge. Ce qui a empêché cette extension, c’est outre le besoin de distinguer la 1ere pers. de la 3e, le fait que les verbes tels que venir et tenir étaient terminés par t et que tous les verbes de la première conjugaison avaient à la 3e pers. du sing la terminaison e qui ne pouvait recevoir l’assibilation[1].

  1. Cfr. l’article de M. Boehmer sur le jod (Jahrbuch de Lemcke X, p. 173 suiv.) et notamment ses remarques sur venio, vengo, benzo.