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analogie exercée par truis, vois etc, même si on joignait à ces verbes ceux en is (isco) ; on n’expliquerait pas ainsi les différences signalées plus haut entre les radicaux à consonnes et ceux terminés par des voyelles.

Avant de chercher à expliquer l’assibilation de la dentale en dialecte picard, nous dirons quelques mots d’un phénomène analogue que présente le parfait. M. Chabaneau (Hist. et Théor. de la Conj. fr. p. 62) est d’avis « qu’au parfait l’s de la deuxième personne du singul. fut d’assez bonne heure attribuée aussi quelquefois, par analogie, à la première ». Mais, dès les origines, une série de parfaits, tels que ocis, creins, pris, sis (voy. Diez Gr. II, 242) prennent s à la première personne, sans que cette s soit justifiée par le latin. S’il y a analogie, ne serait-il pas plus simple d’admettre que l’s d’ocis etc. ait été transportée aux autres prétérits ? Quoi qu’il en soit, on trouve dans Aiol et Richars des prétérits terminés à la 1ere pers. sing. (et à cette personne seulement) par c, ch : Aiol 1739 vic (vidi), 2176 euc, 7425 oc, 2563 soc (sapui), 3314, 3316 peuc, poc (potui). Rich. 753 esmuch (movi), 3717 vinch, 3723 revinch, 1249 fuch (fui), 927 euch. Il faut remarquer qu’il n’y a que les parfaits dits forts qui prennent ce c (nous rangeons parmi les forts ceux en ui), et que les parfaits tels que ocis, pris, sis (voir plus haut) sont toujours écrits par s et non par c, ch. Le fait que, dans les mêmes textes, il existe à côté d’oc, fuch, poc des formes telles que oi, fui, poi, ne permet guère de douter que c ne provienne de l’i final, « qui prit peu à peu le son chuintant » (Barguy Gr. II, 249 ; cfr. aussi Diez Gr. II, 244). M. Chabaneau, Hist. p. 116, dit à propos des prétérits en ui, que l’i se maintint assez longtemps à la 1ere pers. sing. dans les diphthongues ui et oi, ou qu’il y persista sous forme de j, ch ou c. « Plus tard un s, introduit par fausse analogie, l’y remplaça. » Ne serait-il pas plus juste d’admettre, au lieu de cette fausse analogie, que j, ch ou c (y, dy, dz) soit devenu s ? Si cela est possible à la 1ere pers. du prés. (et nous croyons l’avoir démontré), cela doit être possible aussi au parfait. Il y a pour la 1ere pers. sing. du parf., comme pour le présent, des exemples d’une terminaison z répondant à c : Amis 3158 retinz et Jourd. 2503 devinz qu’il faut comparer à tinch et revinch dans Richars. Notons encore que le parfait de vouloir, écrit d’ordinaire vols (Amis 2908), se trouve plusieurs fois sous la forme volz, Am. 2937 et Jourd. 385.

Il nous reste, pour en revenir à ls de l’indicat. prés. à expliquer, si possible, l’assibilation du t final en picard. Voici les faits