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consonne et ceux à voyelle finale. Voici les exceptions que nous avons relevées : Molière Vol. IV p. 173 vien et Vol. III p. 289 pren ; Phèdre 578 revien. Mais nous verrons plus loin qu’il faut séparer la question touchant l’s de la 2e pers. sing. de l’impérat. de celle concernant la 1ere de l’indic. présent.

Malgré les exceptions signalées, il n’en est pas moins certain que, dans l’immense majorité des cas, les verbes dont le radical est terminé par une consonne sont seuls à avoir constamment une s à la 1ere pers. Cette différence est difficile à expliquer pour qui suppose qu’à la 1ere pers. l’s soit l’effet d’une seule et même cause. La difficulté disparaît, si l’on admet que l’s se soit développée spontanément à la 1ere pers. des verbes dont le radical est terminé par une dentale, m et r, et que de là elle ait gagné les autres radicaux à consonnes, tandisque les présents des radicaux primitivement terminés par une voyelle n’auraient pris l’s que peu à peu en vertu d’une simple analogie beaucoup moins impérieuse, celle des présents je vois, j’estois, je puis etc.

Si ce qui vient d’être exposé est exact, il en résulte que l’opinion d’après laquelle l’s de la 1ere pers. ne serait autre que celle de la seconde, est fausse. En effet, on ne voit pas pourquoi cette analogie n’aurait pas influencé tous les radicaux indistinctement, et avant tout (ceci nous semble un argument décisif) la 2e pers. sing. de l’impératif. Or, dans les textes que nous avons examinés, on ne trouve jamais à l’impératif ni c (ch), ni z, ni s, mais toujours prent ou pren, rent ou ren, croi, di, fai etc.[1]. C’est de l’s de l’impératif, qui est postérieure, qu’on peut dire qu’elle a été ajoutée probablement sous l’influence de la 2e pers. sing. de l’indicatif.

M. Foerster (Zeitschr. für neufranz. Sprache p. 85) croit que l’explication de l’s de la 1ere pers. ne peut se séparer de celle de l’s de vois, estois, truis etc. qui l’ont eue dès les temps les plus reculés, s qui n’est pas encore expliquée d’une manière satisfaisante. Nous ne sommes pas tout à fait de son avis. En admettant même que la cause première qui a agi de part et d’autre soit la même, il n’y a pas de lien ni de rapport immédiat entre ces deux ordres de faits. Dans les textes cités truis, vois, estois sont toujours écrits par s, jamais par c, ch ni z. On ne saurait admettre non plus que l’s de la 1re pers. sing. de l’indic. prés. soit due simplement à l’action par

  1. Seint Auban 456, 556 1669 on trouve entenc, impératif d’entendre ; cfr. Uhlemann, Rom. Stud. IV, 610.