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Gr. II p. 238), ch et z s’expliquent par les lettres finales du radical de hatjan, si tant est que cette étymologie soit la bonne ; s est la réduction du z. — Il n’en est pas moins vrai que, dès le 13e s., les présents sui, doi, sai, voi... prennent parfois une s ; voyez dans la Chrestomathie de Bartsch 187, 40 dois, 360, 8 sais, 357, 23 voys (video), 357, 28 dis (dans un texte où, évidemment en vertu de l’analogie, on trouve s même au futur p. ex. amenderays, porrays) ; Aiol 4065 contredis. Tout le monde, je crois, supposera que dans ces exemples s a été ajoutée par analogie ; Burguy (Gram. II p. 261) l’admet pour suis qui selon lui est une analogie de puis. Seulement on peut se demander s’il faut attribuer l’addition de l’s à l’influence des verbes dont le radical est terminé par une consonne, ou plutôt à l’influence des présents tels que je vois (vado), j’estois, je puis qui de tout temps prenaient une s. La question pourrait sembler oiseuse et la réponse impossible à donner, n’était un petit problème assez curieux qui s’y rattache.

Si l’on parcourt quelques pièces de Molière[1] prises au hasard, soit le Médecin malgré lui, don Juan et le Misanthrope, on trouvera très fréquemment à la 1ere pers. du prés. de l’indic. des formes telles que dy, boy, sçay, voy, à côté des formes écrites par s ; mais pas une seule fois la 1ere pers. du présent d’un verbe dont le radical se termine par une consonne ne se trouve écrite sans s ; on lit toujours je crains, consens, veux (a. fr. voil), promets, vens, meurs tiens ; il n’y a pas de différence à cet égard entre les vers et la prose. Marty-Laveaux (Lexique de Corneille I p. LXII et LXIII) et Mesnard (Lexique de Racine p. CVI et CVII) donnent les indications nécessaires sur l’usage suivi par Corneille et Racine. Les exemples de voi, doi, croi etc. foisonnent. On trouve de plus je frémi Menteur 580 et j’averti Bajazet 579. En a. fr. il y avait hésitation entre la forme pure et la forme mixte. L’s provenant de la syllabe latine isco n’a rien à voir avec l’assibilation d’une consonne finale. Connoi Ment. 498 et Héracl. 580, qui s’écrivait en a. fr. par s (cognosco), a été traité comme voi, croi, doi. Il n’y a que deux exemples de verbes à radical terminé par une consonne, qui ne prennent point l’s, Plaideurs 65 je tien et Sophonisbe 517 je vi (vivo) ; encore une forme je vi a-t-elle fort bien pu exister en a. fr. à côté de je vif (cfr. di de dico).

Le même rapport se retrouve à l’impératif entre les radicaux à

  1. Dans l’édition d’Alph. Pauly (Paris, chez A. Lemerre) qui reproduit fidèlement les manuscrits.