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Weidner, Der Prosaroman von Joseph von Arimathia

et à la patrie de Robert de Borron, quant à ses sources, au caractère et au succès de son œuvre, ce sont là des questions qui demandent encore une étude spéciale. — Le texte du roman en prose, tel que M. W. l’a publié, m’a paru en général satisfaisant, au moins en ce qui concerne les leçons[1]. Les variantes sont disposées d’une façon peu commode et auraient pu être communiquées avec moins d’abondance. Je n’ai pas examiné de près si l’éditeur est resté rigoureusement fidèle à sa classification des mss., qui, à vue de pays, m’a semblé fondée. Il aurait augmenté beaucoup l’intérêt de sa publication, la clarté de son tableau et l’agrément du lecteur s'il avait imprimé le poème de Robert de Borron en regard de la mise en prose. Ce poème est presque tout entier communiqué dans les variantes, dont il augmente l’encombrement, sans qu’on puisse le lire de suite en le comparant à la prose, comme il faudrait pouvoir le faire. L’opinion erronée de M. W. sur le rapport de P et de R me paraît avoir eu çà et là quelque dommage pour le texte : toutes les fois qu’un des mss. de P a la même leçon que R, il va de soi que c’est la bonne ; mais même quand tous les mss. en prose s’éloignent de R, on doit pouvoir quelquefois les corriger à l’aide du texte en vers. Il est vrai que la question est compliquée, car les mauvaises leçons de P peuvent reposer sur les leçons du ms. du poème sur lequel P a été fait, et nous n’avons pas le droit de refaire P d’après la meilleure leçon, que son auteur ne connaissait pas. — À l’aide de la louable publication de M. Weidner, quelque autre savant devrait maintenant nous donner une édition du poème de Robert de Borron qui vaudrait assurément mieux que l’édition princeps.

G. P.

Les patois lorrains, par Lucien Adam. Paris, Maisonneuve, 1881, in-8o, 21-460 p.[2].

Les académies et les sociétés savantes de province, qui sont souvent embarrassées de remplir en quelques années un mince volume, ont à exploiter des champs immenses qui leur sont naturellement dévolus, et qu’elles ont jusqu’ici complètement laissés en friche. Étudier les patois, recueillir le folk-lore, telles devraient être deux de leurs tâches principales (sans parler d’autres qui nous intéressent moins directement, et auxquelles d’ailleurs elles sont, sans les accomplir, restées un peu moins étrangères). On doit donc louer sans réserve l’initiative prise par l’académie de Stanislas d’une enquête sur les patois parlés dans l’ancienne Lorraine, le Barrois et le pays messin. Un questionnaire assez bien conçu, demandant « 1o des textes ; 2o des renseignements grammaticaux ; 3o un vocabulaire restreint aux mots les plus usuels », fut en 1874 distribué dans la région. L’académie reçut 268 mémoires, presque tous dus à des instituteurs

  1. M. W. ne nous apprend nulle part d’après quel principe il a réglé les formes. Tant au point de vue de la phonétique que de la grammaire, on aurait voulu des explications.
  2. Il vient de paraître dans la Revue Celtique (t. V, p. 150-152) un intéressant article de M. E. Rolland sur cet ouvrage. On y trouvera plusieurs excellentes explications de formes lorraines et quelques remarques générales analogues à celles que j’ai faites de mon côté.