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PHONÉTIQUE FRANÇAISE.

O FERMÉ.

De même que l'a et l'1 du latin classique se sont réunis en latin vul- gaire en un seul et même son, qui était sans doute celui de l'é (fermé) et qui s'est maintenu tel quel dans la plupart des langues romanes, de même l'o et l'å du latin classique se réunirent en latin vulgaire en un seul et même son, que nous appellerons o fermé, que nous noterons par 6, et que nous supposerons avoir été celui de l'o français actuel dans cote, pot, etc. Je me propose d'étudier ici l'histoire de cette voyelle dans la langue française. Je m'occuperai d'abord du français en général, en prenant pour base la langue moderne (bien entendu dans sa partie populaire) ; je remonterai ensuite à l'ancien français; enfin je dirai un mot des patois. Diez distingue les voyelles latines dont il fait l'histoire : t. en toniques et atones; 2° les toniques en longues, brèves et en position. Cette division a fait son temps : il est reconnu aujourd'hui que le fait d'être « en posi- tion » n'empêche pas les voyelles de conserver en latin leur quantité ori- ginaire et de modifier en roman leur qualité d'une façon correspondante à cette quantité'. D'autre part il importe peu, au moins dans beaucoup de cas, aux atones d'être longues ou brèves (sauf pour l'i et l'u), mais il leur importe beaucoup d'être ou de n'être pas « en position ». Cette expression de voyelle « en position » est d'ailleurs mal faite et prête à des malentendus. Les voyelles doivent être considérées séparément suivant qu'elles sont : 1 toniques ou atones ; 2° dans chacune de ces classes libres ou entravées. l'appelle voyelle libre celle qui est finale, suivie d'une voyelle, d'une 1. Cette vérité, entrevue par Diez à propos de certaines voyelles, a été affir- mée pour la première fois en 1866 par M. Schuchardt (Vokalismus des Vulger- lateins, I, 471) et depuis reconnue par plusieurs philologues; mais elle n'est pas encore assez familière à tous les romanistes.