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CONTES POPULAIRES LORRAINS

RECUEILLIS DANS UN VILLAGE DU BARROIS

À MONTIERS-SUR-SAULX (MEUSE)

(Suite).


LXIII

LE LOUP BLANC.

Il était une fois un homme qui avait trois filles. Un jour, il leur dit qu’il allait faire un voyage. « Que me rapporteras-tu ? » demande l’aînée. ― « Ce que tu voudras. ― Eh bien ! rapporte-moi une belle robe. ― Et toi, que veux-tu ? » dit le père à la cadette. ― « Je voudrais aussi une robe. ― Et toi, mon enfant ? » dit-il à la plus jeune, celle des trois qu’il aimait le mieux. ― « Je ne désire rien » répondit-elle. ― « Comment, rien ? ― Non, mon père. ― Je dois rapporter quelque chose à tes sœurs, je ne veux pas que tu sois la seule qui n’ait rien. ― Eh bien ! je voudrais avoir la rose qui parle. ― La rose qui parle ? » s’écria le père, « où pourrais-je la trouver ? ― Oui, mon père, c’est cette rose que je veux, ne reviens pas sans l’avoir. »

Le père se mit en route. Il n’eut pas de peine à se procurer de belles robes pour ses filles aînées ; mais, partout où il s’informa de la rose qui parle, on lui dit qu’il voulait rire, et qu’il n’y avait au monde rien de semblable. « Pourtant, » disait le père, « si cette rose n’existait pas, comment ma fille me l’aurait-elle demandée ? » Enfin il arriva un jour devant un beau château, d’où sortait un murmure de voix ; il prêta l’oreille et entendit qu’on parlait et qu’on chantait. Après avoir fait plusieurs fois le tour du château sans en trouver l’entrée, il finit par découvrir une porte et entra dans une cour au milieu de laquelle était un rosier couvert de roses : c’étaient ces roses qu’il avait entendues parler