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l’usage s’établit pour les actes publics d’un scellement avec des bulles de plomb suspendues. Dès lors l’anneau ne fut plus que la propriété d’un simple particulier se servant de son empreinte pour clore sa correspondance et en assurer l’inviolabilité, tandis que la bulle fut une manifestation officielle d’une puissance publique ou privée certifiant l’exactitude des énonciations d’un acte.

Cet usage de la bulle se répandit très rapidement dans toute l’étendue de l’empire byzantin 1 ; tant que dura cet empire, les princes, les fonctionnaires publics, les églises, les monastères, scellèrent les actes émanés de leur chancellerie avec des bulles de plomb à double face. De l’Orient ce mode de scellement passa en Italie ; dès 560, on connaît une bulle du pape Jean III.

A l’époque mérovingienne, les rois des Francs adoptent l’usage d’un sceau destiné à remplacer la signature. Les rois mérovingiens et carolingiens scellent leurs actes, les rois de Lorraine et de Bourgogne les imitent, mais aucun grand seigneur ou dignitaire ecclésiastique ne se permet d’usurper le droit au sceau qui reste un attribut incontesté du pouvoir royal. Jusqu’au début de la monarchie capétienne, malgré la prodigieuse dispersion de l’autorité publique entre les mains des possesseurs de bénéfices ou de fiefs, on ne voit pas qu’aucun d’eux ait tenté d’usurper le droit au sceau, ou du moins si cette usurpation a eu lieu quelquefois, ce fait a été exceptionnel et n’a laissé aucune trace.

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  1. 1. SCHLUMMBERGER. Sigillographie de l'empire byzantin. Paris, 1884 1100 sceaux. Voir aussi les nombreuses bulles publiées par M. Monceaux au cours de ces dix dernières années dans le Bulletin de la Société des Antiquaires de France.