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deux siècles. On possède, il est vrai, une bulle de Drogon, évêque de Thérouanne, rivée à un acte de 1063, mais cette bulle est plus que suspecte.[1] .

C’est à la fin du XIIe siècle seulement qu'elles reparaissent en Provence, en Dauphiné, à Lyon et sur une bande étroite longeant la rive droite du Rhône et englobant le Forez, le Vivarais, le Gévaudan et le Bas-Languedoc jusqu’à Montpellier. Il faut remarquer que l’usage de la bulle se localise à peu près exactement pas tout à fait cependant)[2] dans les territoires du sud-est de la France dépendant de l’empire germanique.

  1. Voici pourquoi cette bulle, conservée dans les archives de l’abbaye de Messine près Ypres, est suspecte. Elle présente un ensemble de caractères exceptionnels et anormaux : 1° Toutes les bulles sont suspendues, celle-ci seule est rivée sur l’acte lui-même par un singulier procédé. Elle se compose de deux parties, l’une pour la face, l’autre pour le revers, s’emboîtant l’une dans l’autre au moyen d’un tenon, ménagé derrière la face, et s’encastrant dans une mortaise carrée ouverte dans le revers ; puis soudé à l’étain ; 2° Aucune bulle n’a la forme de deux segments de cercle d’un même rayon, se coupant en forme de navette (improprement dite forme ogivale), et celle-ci a cette forme ; 3° Cette forme, dans les premiers sceaux où elle apparaît, est extrêmement surbaissée, les extrémités ne s’aiguisent qu’à partir de la fin du XIIe siècle : ici, en 1065, c’est-à-dire tout à fait au début de son apparition, cette forme est déjà fort allongée : 4° Les bulles ont toujours un type sur chacune de leurs faces ; celle-ci est uniface : 5° Enfin il n’y a aucune autre bulle que celle-ci dans le nord et le nord-est de la France. Elle présente donc plusieurs particularités tout à fait exceptionnelles, dont l’ensemble, réuni dans un seul monument, tend à le rendre très suspect. Je crois que cette bulle a été faite deux ou trois siècles après sa date, pour remplacer un sceau antérieur détruit accidentellement ; on choisit le plomb, matière très solide, pour que le même accident ne put se produire une seconde fois.
  2. Ces limites de la bulle ne coïncident pas tout à fait avec celles de l’Empire, puisqu’il y a des bulles en Forez et en Gévaudan qui n’en faisaient pas partie, et puisqu’il n’y en a aucune en Franche-Comté qui en faisait au contraire partie.