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d’hériter des fragments des sceaux royaux mis en pièces à la mort des souverains ; on possède plusieurs reçus de la prieure attestant la remise de ces fragments d’argent brisé. On connaît un petit nombre de sceaux-matrices coupés à l’aide de cisailles ou détériorés à la lime après la mort de ceux auxquels ils appartenaient. Je puis signaler celui de Marguerite, dame de Villars-Thoire (p. II, n° 1), brisé verticalement après avoir été rayé à coups de lime, et celui de Marguerite, abbesse d’Hierre, brisé transversalement[1].

Dans une société aussi hiérarchisée que celle du moyen âge, l’apposition du sceau ne pouvait être laissée au hasard , une règle des préséances s’imposait , dans laquelle on devait tenir compte du rang social des parties et des témoins. Ce problème, toutefois, ne se posa pas avant la fin du XIIe siècle, c’est-à-dire avant le moment où l’usage du sceau se fût très répandu. Lorsque certains actes furent munis de plusieurs sceaux (quelques-uns en portent plus de soixante), la question des préséances s’imposa.

Douët d’Arcq cite comme exemples une charte de Blanche de Navarre, comtesse de Champagne (1212), et une ordonnance de saint Louis (1230) dans lesquelles

  1. Le premier, trouvé dans les ruines du vieux château de Montréal (Ain), appartient à M. le Cte Douglas. Le second a passé dans la vente Charvet (n° 743) et appartient à M. Caron à Paris. (Yerre, arr. de Corbeil, Seine-et-Oise) .