Page:Romains - Les Copains.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lations et secousses du train procédaient d’une âme avinée.

Bénin atteignit à un haut degré de confiance. L’avenir lui parut facile ; et les grandeurs de la terre promises sans débat à l’appétit des héros.

Le choc de l’arrêt en gare de Nevers fut cause que l’ivrogne, de la banquette où il gisait, roula sur le plancher.

Bénin enjamba ce corps assouvi, et gagna la portière. Il avait de l’angoisse :

— Dans une seconde, je serai fixé.

Il évoqua rapidement l’aspect de Broudier, le tronc épais, la face pleine et blanche, la moustache fine, le regard riche. Puis, il pencha la tête par la portière, inquiet de voir ce qu’il venait d’imaginer.

Au même instant une puissante musique éclata dans le hall. Bénin reconnut la Marseillaise. Il poussa la portière, sauta sur le quai.

En face de lui, à quelque distance, rangés sur le trottoir, cinq personnages, vêtus de