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Au fond, je m’dis et ça m’amuse :
Que j’suis pas plus menteur, vraiment !
Qu’ell’s autr’ qui m’voudraient pour amant
Et qui font cell’-là qui me r’fusent.

C’est mes r’gards seuls qui leur demandent
C’que j’désir’ d’ell’. Ma bouch’, ma main,
Seul’ment commenc’ à s’mettre en ch’min,
Quand leurs yeux m’dis’ qu’ell’ les attendent.

Dans ma prunell’ qui leur tend l’piège
R’culant d’abord ell’ veul’ pas s’voir,
Et puis, ell’ s’y mir’, sans pouvoir
S’désengluer du sortilège.

La bergèr’ sag’, la moins follette,
J’l’endors ! qu’elle en lâch’ son fuseau…
Comm’ l’aspic magnétis’ l’oiseau,
Comme un crapaud charme un’ belette.

C’est pourquoi, la pauvress’, la riche,
Tout’ fille, à mon gré, m’donn’ son cœur !
Ma foi ! j’me fie à ma vigueur,
J’en ai ben trop pour en êtr’ chiche !