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LES AMANTS CHARBONNIERS


La femme ? une enfant presque, et le mari ? plus vieux.
Mais, tous deux, courts, et roux de chevelures, d’yeux,
Présentant l’un de l’autre à peu près même image,
S’appareillaient. L’amour les rendait du même âge.

Ces charbonniers des bois, visage et mains noircis,
S’adoraient, travaillant, marchant, debout, assis,
Du regard, du sourire, échangeaient leur tendresse,
Et leur silence encore était une caresse.

Mais on m’apprend qu’ils sont « père et fill’ ! non époux. »
Je me l’explique alors cet amour fauve et doux,
Cher tyran qui leur fait oublier tout le reste,

Double, en sa monstrueuse et simple énormité,
Du grand rut éternel aveugle de l’inceste
Et du plus pur instinct de notre humanité !