Page:Rollinat - Paysages et paysans.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Dans l’sérieux d’nos vallons comparez donc l’passage
D’ceux ch’vaux vêtus d’harnais qu’un ch’ti fouet cingl’ d’affronts
Avec nos bœufs tout nus qui n’ont que l’joug au front ?
Eux et moi que j’les mène on s’mêle au paysage !

Parlez-moi d’ma charrette entr’ ses buissons d’verdure ;
Montée — i’semblerait — sur deux meul’ de moulin,
Couleur de terre et d’arbre, et dont l’gros moyeu s’plaint
Si douc’ment q’ça m’en berc’, comme un chant d’la nature !

Viv’ la voiture à bœufs qu’une aiguillad’ conduit,
Dont l’herb’, l’ornièr’, la boue étouff’, envas’ le bruit,
Qui prend l’roulis câlin d’ses deux lent’ bêt’ camuses,

Et s’en va comm’ l’eau calme et les bons nuag’ s’en vont !
C’est l’vrai char de nos plain’, d’nos marais, et d’nos fonds,
Tout comm’ leur seul’ musique est cell’ des cornemuses.