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Par tous les parents, dans tous les pays,
La guerre est maudite autant que j’l’haïs.
Consultez donc les sœurs, les épouses, les mères,
Et vous verrez q’yaura plus d’guerres.
Ou, si c’est vrai q’les homm’ peuv’ pas s’en empêcher,
Q’les bataill’ sont pour eux un besoin d’leur engeance,
Qu’i’s élèv’ leur famill’, froid’ment, sans s’y attacher,
Puisqu’au carnag’ la fleur en est promis’ d’avance !

Mais, ça n’m’est pas prouvé du tout
Q’les gens civilisés s’batt’ pa’c’que c’est d’leur goût,
Pour voler chez l’voisin ou par c’te drôl’ d’idée
Q’l’humanité pouss’ trop, q’faut qu’ell’ soit émondée,
Maint’nue en équilib’, juste ent’ le trop et l’guère,
Par les sécateurs de la guerre.
Comm’ si, pour tous les homm’, sur terr’ yavait pas d’quoi
Aller et v’nir, s’bâtir un toit,
Boire et manger à son envie ;
Comm’ si, les défunts balançant
Toujours à peu près les naissants,
La mort tout’ naturell’ ne m’surait pas la vie.

J’croirais plutôt, depuis des siècl’ déjà
Où tant d’mond’ partout s’égorgea,
Q’les gens pris un par un qu’on s’rait v’nu consulter
Auraient dit : « J’veux la paix ! » sans trop longtemps s’tâter,