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LA MÈRE


En tricotant sous le feuillage
La bonne vieille me disait :
« D’puis l’temps q’mon gars est mort, c’que c’est !
Je m’figur’ qu’il est en voyage,

Qu’un soir il est parti ben loin,
Tout env’loppé, jaun’ comme un’ cire,
Malgré ça, j’pens’ qu’i’va m’écrire,
Qu’i’ m’sent dans la peine et l’besoin.

Tous les jours, je m’répèt’ : C’est d’main,
Qu’i’ m’apparaîtra sus mon ch’min,
Qu’i’ cogn’ra pour que j’youv’ la porte.

L’croir’ mort ? Non ! j’aim’ mieux l’croire ingrat,
M’imaginer qu’i’n’reviendra,
Que lorsqu’à mon tour je s’rai morte ! »