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En mêm’ temps, m’venaient des tendresses
Oui m’mouillaient tout’ l’âme comm’ de l’eau,
Tell’ que trembl’ les feuill’ du bouleau
J’frémissais sous des vents d’caresses.

Un jour, au bout d’un grand pacage,
J’gardais mon troupeau dans des creux,
En des endroits trist’ et peureux,
À la lisièr’ d’un bois bocage ;

Or, c’était ça par un temps drôle,
Si mort q’yavait pas d’papillons,
Passa l’long d’moi, tout à g’nillons,
Un grand gars, l’bissac sur l’épaule.

Sûr ! il était pas d’not’ vallée,
Dans l’pays j’l’avais jamais vu.
Pourtant, dès que j’le vis, ça fut
Comm’ si j’étais ensorcelée !

Tout’ moi, mes quat’ membr’, lèvr’, poitrine,
J’ devins folle ! et j’trahis alors
C’désir trouble et caché d’mon corps
Dont l’rong’ment m’rendait si chagrine.