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LA MORGUE


À Mallat de Bassilan.


 
Ceux que l’œil du public outrage,
— Noyés, pendus, assassinés, —
Ils sont là, derrière un vitrage,
Sur des lits de marbre inclinés.

Des robinets de cuivre sale
Font leur bruit monotone et froid
Au fond de la terrible salle
Pleine de silence et d’effroi.

À la voûte, un tas de défroques
Pend, signalement empesté :
Haillons sinistres et baroques
Où plus d’un mort a fermenté !

Visages gonflés et difformes ;
Crânes aplatis ou fendus ;
Torses criblés, ventres énormes,
Cous tranchés et membres tordus :

Ils reposent comme des masses,
Trop putréfiés pour Clamart,
Ébauchant toutes les grimaces
De l’enfer et du cauchemar.