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Au long des routes et des chaumes
Parfois la misère, le soir,
Sur leurs rebords fera s’asseoir,
Dormir ou songer ses fantômes.

Entre leurs ajoncs, leurs fougères,
Ils deviendront les auditeurs
D’un colloque de malfaiteurs,
D’une causette de bergères.

L’un entend rire d’allégresse
Comme l’autre entendra pleurer.
Plus d’un surprend à soupirer
Deux voix qui fondent leur ivresse.

Car çà et là, tel couple y tombe,
Figurant aux pâles clartés
Deux amants morts ressuscités
S’étreignant dans la même tombe.