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Les arbres, les buissons, les rocs, les fondrières
Sont plus blêmes déjà qu’aux approches du soir ;
L’horizon charbonneux porte un grand reflet noir
Sur la lividité hideuse des bruyères.

Et la pluie imprégnant ces rafales d’automne,
Aussi froides bientôt que celles de l’hiver,
Tend ses fils qui, cinglés, se tordent comme un ver,
Puis s’arrête et reprend, compacte et monotone.

Ayant couché le vent, toute seule, enfermée
Par des monts et des bois voilés d’un brouillard bleu,
Elle occupe les airs de ce sinistre lieu
Que voûte le ciel bas d’un dôme de fumée.

Aux rebords des fossés comme aux fentes des pierres,
Sur la vase ou le roc, l’herbe ou le gravier fin,
Elle fait gargouiller toute l’eau du ravin :
Des mares peu à peu naissent dans les carrières.