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viens-toi ce que tu remarquais, ce que tu devinais, ''ce que ton père te faisait voir, et comme une expression bien choisie par lui te faisait entrer dans un monde nouveau.

Depuis l’insecte jusqu’à l’éléphant, depuis le myosotis jusqu’au cèdre, le poète a le domaine de l’infini, et chaque jour il initie ; aussi je crois qu’il serait nécessaire de ne pas mettre la vérité des faits au service de la rime, de ne pas mêler les fleurs de toutes les saisons et de tous les pays, et de ne pas croire que les homards sont rouges avant d’être cuits. Les poètes, tous très descriptifs aujourd’hui, devraient savoir assez d’histoire naturelle pour ne pas commettre les bourdes dont ils sont criblés. Dans un recueil destiné à l’enfance, ce serait un tort grave que de n’être pas consciencieux ;

Essaye, et si tu réussis, tu auras fait une grande chose ; cela ne doit pas être bâclé vite, mais mûri et gesté sérieusement.

Sur ce, fais ce que tu voudras de mon conseil, je le crois bon, voilà pourquoi je te l’offre, en t’embrassant.

GEORGES SAND.

Nohant, 1872