Page:Rollinat - Le Livre de la nature, 1893.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Eh bien, mon enfant, voici ce que je ferais si j’étais poète : excepté les Fables de La Fontaine, il n’y a pas de pièces de vers pour les enfants. Il est très bon, dès qu’ils savent parler, d’exercer leur mémoire, d’assurer leur prononciation, de les habituer aux idées et aux paroles qui ne sont pas de leur vocabulaire familier, de leur apprendre que la poésie existe et que c’est une expression au-dessus de l’expression habituelle. Tout le monde le fait, tout le monde, ne fût-ce que pour l’amusement d’entendre des petites voix parler la langue des dieux, fait apprendre des vers aux enfants. Mais en dehors des Fables de La Fontaine, quels vers leur donne-t-on ? La Henriade, Florian, le Récit de Théramène, quelques poésies de Mme Desbordes-Valmore ; ce sont les meilleurs, mais incorrectes toujours et souvent maniérées. La fausse naïveté est aussi dans le grand Maître d’aujourd’hui. Bien peu de ses strophes sont d’une bonne école pour le premier âge. Il n’y a vraiment rien. Tout le siècle dernier est licen-