Page:Rollinat - Le Livre de la nature, 1893.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XXVI


LE MARAIS


Quand le printemps s’est installé,
Des vieux étangs, des grandes mares,
Monte, vaseux, rauque et voilé,
Comme un concert dissimulé
De voix foisonnantes ou rares.

Ces voix, tout le jour, sont avares
De leur son mal articulé :
Murmure creux, gémi, raclé,
Où tranche un bruit soudain de crécelles barbares.

Mais, dès la nuit, quel tintamarre !
Seul, dans un chemin isolé,
Au long d’un buisson qui s’effare,
On serait presque un peu troublé
Par le cri toujours plus enflé
De ces ventriloques bizarres
Des vieux étangs, des grandes mares.