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XXIV


LES VIEUX PAUVRES


Les vieux pauvres par les chemins
Regardent l’eau, 1 herbe et la branche,
Et leur bonne misère franche
Vague sans peur des lendemains.

Corps tannés, — teints de parchemins,
Secs et ligneux comme une planche, —
Les vieux pauvres par les chemins
Regardent l’eau, l’herbe et la branche.

À l’heure où le soleil épanche
Ses plus sanguinolents carmins,
Solennels, — tenant à deux mains
Le bissac où leur dos s’emmanche, —
Avec leur longue barbe blanche,
Ils font l’effet par les chemins
De patriarches surhumains
Dont l’œil clair se lève et se penche.