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XXIII


LE FIL DU TÉLÉGRAPHE


À ce tournant rocheux du vallon qu’il domine,
Raide entre deux poteaux il se tient si menu
Qu’on le distingue mal, sans regard soutenu,
Hormis les jours d’orage ou tout l'air s'illumine.

Si même un grand oiseau d’un parage inconnu,
Voyageur épuisé dont l'effort se termine,
Parfois s'y perchait, noir, ou blanc comme l’hermine !
Non ! Ce malheureux fil est toujours seul et nu !…

Une fois cependant, vers les temps aigrelets
Il fut le rendez-vous des frileux oiselets
Qui reviennent en troupe aux bons climats fidèles.

Et je le vois encore, à la fois gris et bleu
Comme un câble ardoisé, fléchissant au milieu,
Tant il était partout surchargé d’hirondelles.