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Tous nos maux à venir, tous nos futurs tourments,
Abeilles du malheur dont nous serons la ruche,
La maladie en marche, imminente, et l’embûche
De l’homme, de la bête et des quatre éléments,

L’amour vil devenant la luxure collante,
Espèce de remous berceur et scélérat,
Qui nous prendra tout l’être et dont on sentira
Le pivotement flasque et la succion lente ;

Avec son rire fixe et sa plainte à ressort,
Bicêtre nous donnant l’insanité tragique ;
Et par le simple effet d’un sommeil léthargique
Notre inhumation précédant notre mort ;

Le guet-apens soudain comme un coup de tonnerre,
Où, dans l’affreux recul de l’épouvantement,
On se verra trahi jusqu’à l’égorgement
Par celle qu’on adore et celui qu’on vénère ;