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bonne heure l’eſprit des enfans, de les accoutumer à une ſorte de régle, de les rendre plus dociles & plus ſoumis, & d’empécher une diſſipation auſſi contraire ſouvent à la ſanté du corps, qu’à l’avancement de l’eſprit.

J’en puis ajouter un troiſiéme, qui n’eſt pas moins conſidérable. La Providence a mis dans les enfans une grande curioſité pour tout ce qui eſt nouveau, une facilité merveilleuſe à apprendre une infinité de choſes dont ils entendent parler, un panchant naturel à imiter les grandes perſonnes, & à ſe moûler ſur leurs exemples & ſur leurs diſcours. En différant la culture de ces jeunes eſprits, on renonce à toutes ces heureuſes préparations que la nature leur a données en naiſſant. Et comme la nature ne peut être oiſive, on les oblige à tourner vers le mal ces premiéres diſpoſitions deſtinées à faciliter le bien.

Quintilien n’ignoroit pas qu’on pouvoit lui objecter l’extrême foibleſſe des enfans dans les années dont il s’agit, & le danger qu’il y a d’uſer par des efforts prématurés des organes encore tendres & délicats, qu’une contention un peu forte peut déranger