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les sentimens, savoir à quel âge il faut commencer à faire étudier les enfans. Quelques-uns[1] pensoient qu’on ne devoit point les appliquer à l’étude avant l’âge de sept ans, parce qu’avant ce tems ils n’ont ni l’esprit assez ouvert pour profiter des leçons qu’on leur donneroit, ni le corps assez robuste pour soutenir un travail sérieux.

Quintilien pense d’une maniére différente, & il appuie son sentiment de l’autorité de Chrysippe, célébre philosophe stoïcien, qui avoit traité à fond la matiére de l’éducation. Ce Philosophe donnoit à la vérité trois ans aux nourrices, mais il vouloit que dès lors elles s’appliquassent à former les mœurs des enfans, & à réprimer en eux les premiéres saillies des passions qui commencent déja à se faire sentir dans cet âge tendre, & qui croissent avec eux insensiblement, si l’on n’a soin de les étoufer dans leur naissance. Or,[2] dit Quintilien, si cet

  1. Quidam litteris instituendos, qui minores septem annis essent, non put putaverunt ; quôd, illa prima ætas & intellectum disciplinarum capere, & laborem pati non possit. Quintil. liv. 1. cap. 1.
  2. Cur autem non pertineat ad literas ætas, quæ ad mores jam pertinet ?