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connois un homme entr’autres, dit-il, qui est passablement instruit de sa religion, sans avoir jamais appris par cœur les Catéchismes ordinaires, sans avoir eu pendant l’enfance d’autre maître que son pere. Dès l’âge de trois ans, ce bon homme le prenoit sur ses genoux le soir après s’être retiré : lui contoit familiérement, tantôt le sacrifice d’Abraham, tantôt l’histoire de Joseph, ou quelque autre semblable : il les lui faisoit voir en même tems dans un livre de figures, & c’étoit un divertissement dans la famille de répéter ces histoires. A six ou sept ans, quand cet enfant commença à savoir un peu de latin, son pere lui faisoit lire l’Evangile, & les livres les plus faciles de l’Ancien Testament, aiant soin de lui expliquer les difficultés. Il lui est resté, toute sa vie, un grand respect & une grande affection pour l’Ecriture sainte, & pour tout ce qui regarde la religion. » Voila le fruit d’une éducation chrétienne : voila le devoir des peres qui sont instruits, & qui ne sont pas trop occupés par leurs emplois. Telle étoit la pratique des premiers & des plus