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les, & que j’ai consultées sur cette matiére, sont persuadées que dans les écoles des pauvres, & dans celles de la campagne, il est nécessaire de commencer par la lecture du françois ; & j’entre fort dans leur sentiment. Car, outre que les enfans apprennent à lire plus volontiers quand ils entendent ce qu’ils lisent ; & que l’on sait par expérience que lorsqu’ils savent lire le françois ils peuvent lire le latin : une raison beaucoup plus forte justifie cet usage. On voit communément, soit à la ville, soit à la campagne, que les peres & les meres retirent leurs enfans des écoles aussitôt qu’ils peuvent en tirer quelques services. De là il arrive souvent, quand on commence par le latin, que les enfans sortent des écoles avant qu’ils fâchent lire en françois, & qu’ils sont privés pour toute leur vie de l’avantage qu’ils tireroient pour leur salut de la lecture des livres de piété.

Quand un enfant commence à lire dans le françois, il faut lui expliquer clairement & succinctement tous les mots qui sont nouveaux pour lui, & ils le sont presque tous dans un âge si tendre, & choisir pour sa lecture