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80 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

pensait avec raille autres. Nous avons vu combien d'hommes, depuis Cipriano di Rore, avaient conscience plus ou moins nette de la réforme à accomplir dans la musique. Nous saurons donc gré à Cavalliere de l'accent personnel qu'il a imprimé à son Ora- torio delï Anima e di Corpo, bien plus que d'une puérile avance de quelques années sur les Florentins.

Il se pourrait d'ailleurs qu'il n'y ait eu, dans les premières œuvres (perdues) de Cavalliere, qu'un travail de reconstitution archéologique , et non un art original comme dans YEuridice de 1600 (1). Alexandre Guidotti, qui publie 1' « Anima e Corpo *> de son ami , insiste sur sa science des choses de l'antiquité et sur ses intentions érudites (2).

Réservant l'analyse de la pièce de Cavalliere à l'étude de l'Ora- torio, je veux seulement montrer ici ce qu'il apporte en propre aux recherches de l'école de Florence pour perfectionner le jeune drame lyrique. Bien que sa déclamation soit belle et parfois pro- fonde, il en est moins soucieux que Péri et Caccini; mais son esprit généralisateur et sa longue expérience d'intendant

��(1) Surtout l'intention en était sans doute peu dramatique. Ces pièces (trois pastorales), jouées avec éclat en présence du grand duc et de sa cour, ne semblent pas avoir cherché le style tragique et la noble rigueur de dé- clamation de Péri ; mais elles étaient certainement un essai de style réci- tatif, et un effort pour restaurer le théâtre antique. — Voici la liste de ces compositions :

1588. Une grande comédie, dont Cavalliere nous parle dans la préface de V Anima, sans nous en donner le titre, — récitée pour les noces de la grande duchesse de Toscane. C'est sans doute la même qui employa les talents réunis de Marenzio, Malvezzi, Péri, etc. — Comédie parlée, avec intermèdes musicaux et ballets chantés (instruments en main).

1590. Il Satiro, poème pastoral de Laura Guidiccioni.

1590. La disperazione di Fileno, idem.

1595. Il giuoco délia Cieca, idem.

(2) « J'ai eu le désir... de faire imprimer quelques originales et nouvelles compositions de musique, que le sign. Emilio a faites à l'imitation du style dramatique des Grecs et des Romains. Il semble que dans quelques-uns de ses airs, il soit arrivé aune parfaite ressemblance... Il conseille de jouer et de chanter quelquefois à l'antique, avec accompagnement de deux flûtes (a), des dialogues pastorals... Par sa science et son mérite, il a pu ranimer l'ancien art..., et il a été le premier à faire voir de tels spectacles, a non essendo stato da quel tempo indietro mai da persona alcuna simil modo veduto, né pure udito. » (Dédie, au card. Aldobrandino, 3 sept. 1600.)

��a) Cavalliere en donne un modèle à la fin de sa partition. — Il traite lui-même sa musique de « Musica rinovata. »

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