Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

l'antiquité et le drame lyrique florentin. 79

teverde revenait de Belgique avec les éléments de sa révolution musicale (1), qui devait compléter et assurer celle de l'opéra flo- rentin. Enfin, un autre musicien du grand-duc, l'un des compo- siteurs de la fête de 1589 (2), travaillait avec moins de bruit, mais non moins de talent, à la réforme dramatique, où il devançait Péri et Caccini , portait l'esprit nouveau dans la citadelle de l'art ancien, à Rome, et créait J'Oratorio.

��Emilio del Gavalliere, gentilhomme romain, avait été, jusqu'en 1596, l'intendant de la musique du grand-duc. Il y avait trouvé l'occasion, quelques années avant Péri, d'aborder ce genre de musique récitative qui s'élaborait lentement dans la société de Bardi. L'aristocratique modestie de son talent, et sans doute aussi le caractère un peu sévère, intime, et froid en apparence, de sa musique, fit oublier ses essais dans la gloire de ses successeurs. D'ailleurs, la question de priorité importe peu (3) ; seuls, les pre- miers chefs-d'œuvre sont les premiers inventeurs ; la découverte des idées nouvelles n'est qu'une question d'âge et de droit d'aî- nesse; elles flottent dans l'air, et lo hasard d'un mot laissé dans un écrit, fait'que souvent on croit que tel les a inventées, qui les

��1624, Canzone délie lodi d'Auslria, poés. A. Salvadori (chantée par Campagnolo).

Hiver 1624, La Precedenza délie Dame, barriera nell' arena di Sparta, fatta dal principe Gio. Carlo di Toscana, e da altri cavalieri giovanetti rap- presentanti Spartani e Spartane, en prés, de Ladislas Sigismond de Pologne, poés. Salvadori.

11 octobre 1628, La Flora, poés. Salvadori; mus., Gagliano et Péri (voir chap. V). Pour le mariage de Marg. Medici et Od. Farnese.

Péri mourut sans doute en 1630; Caccini, beaucoup plus tôt. En dehors des œuvres citées de Caccini, nous n'avons de lui qu'un Fuggilotio musi- cale de 1613 (madrigaux, sonnets, arie, canzoni, scherzi, etc.). M. R. Eitncr a publié YEuridice de Caccini en 1881. Berlin, Trautweinsche Hof.

(1) Voir la préf. des Scherzi musicali, à 3 voix, de 1609.

(2) Il en avait même la haute direction.

(3) Quoi qu'en dise Bonini, dans son enthousiasme pour Caccini : « Facile est inventis addere; gratiae sunt habendao primis inventorions, » mot qui pourrait bien, comme on le voit ici, se tourner contre son protégé.

Péri rend justice à Cavalliere. Dans la préface de YEuridice, il dit que lo signor Emilio del Cavalliere, « le premier de tous que je sache, fit entendre par une merveilleuse invention, notre musique sur la scène, » mais qu'il plut à Corsi et Rinuccini, que « l'employant en autre guise, je traduise en vers la fable de Dafné. »

�� �