60 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.
moitié du seizième siècle, Boèce t'ait loi et dispense de l'étude di- recte des anciens (1). Nous ne pouvons guère noter qu'une tra- duction latine, par Carlo Valguglio, du commentaire de Plutar- que (?) sur la musique (1532. Venise). Mais, en 1562, paraît la traduction latine d'Aristoxène, de Ptolémée, et des fragments d'Aristote, par Gogavino del Grave (Venise). Elle permettait enfin d'avoir une connaissance plus directe de l'antiquité. Les théories d'Aristoxène furent aussitôt répandues dans les sociétés d'artistes, et discutées avec chaleur. L'admiration passionnée de la Renais- sance pour les œuvres plastiques de l'antiquité, l'aveugle con- fiance en la sûreté de ses règles, se renouvela cent ans plus tard pour la musique. Elle y était plus dangereuse. On n'avait plus affaire à des chefs-d'œuvre d'une beauté reconnue, mais à des théories contestables, qu'aucun exemple n'illustrait, puisque la musique grecque avait disparu. De plus, la génération de la fin du seizième siècle avait perdu la force de résistance et la sève des Primitifs de la peinture et de la sculpture (2). Elle pouvait donc moins se défendre contre les dangers d'une imitation, d'ail- leurs moins justifiée. La musique, au point où la trouvèrent les théories antiques, avait atteint avec Palestrina, Lassus et Ga- brieli une splendeur admirable. 'C'était de sa part, modestie exa- gérée et faiblesse blâmable, que de chercher dans le passé un encouragement pour se développer, — pis encore, une condam- nation de ses tendances, et une obligation de les subordonner à un idéal disparu. — Heureusement, le danger s'atténue par l'élasticité des théories, que chacun tire à soi, pour justifier les tendances les plus contraires, et les arts les plus opposés (3).
Trois dates capitales nous montrent la puissance du mouve- ment néo-grec en musique aux environs de 1580 (4).
��(1) Glareanus Henricus, Helvetius, Isagoge in musicen , e quibusdam bonis authoribus lat. et graec. Bâle, 1516.
Glareanus H., Dodecachordon. Bâle, Henric. Pétri, in-fol., 1547. Dentice Luigi, napoletano, Duo dialoghi délia musica theoretica et prat- tica, raccolti da diversi autori greci et latini. Rome, Lucrino, in-4o, 1553, etc.
(2) 11 est remarquable pourtant quelle énergie plus grande il y a dans Caccini, Monteverde, Vecchi, etc., que dans les peintres de la même époque. C'est qu'ils ne sont pas encombrés par le génie de leurs prédécesseurs.
(3) C'est ainsi que Zarlino et Galilei s'appuient également sur l'étude des anciens, l'un pour défendre les maîtres de la musique contemporaine, l'autre pour les condamner.
(4) Dès 1574, la seigneurie de Venise fait représenter devant Henri III, dans la salle du grand Conseil, une Tragédie à Vantique, de Claudio Cor- nelio Frangipane, avec musique du célèbre Claudio Merulo (éd. Farri, 1574,
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