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54 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Le succès de YAmfiparnaso avait été grand ; il n'avait pas été sans discussion ; la préface des Veilles de Sienne nous le dit. Vecchi, parlant des critiques dont son Amfiparnaso avait été l'ob- jet, ajoute : « L'expérience nous enseigne que toutes les inven- tions de valeur sont toujours accueillies par mille injures; c'est peut-être la raison pour laquelle ces artistes, qui, dans la même époque, sont émules de gloire et d'honneur, voudraient absorber à eux seuls tout le mérite , et partager seulement leurs erreurs avec les autres (1). C'est une fatalité inévitable; les plus hautes cimes sont le plus exposées aux coups de la foudre. »

Il est probable d'ailleurs que ces discussions mêmes servirent à sa gloire, en excitant le zèle de ses admirateurs. Son épitaphe en fait foi , puisqu'elle affirme, cinq ans après les triomphes de Péri, Caccini et Cavalière, à Rome et à Florence, qu'Orazio Vec- chi fut le premier qui joignit la musique au théâtre, « armoniam primus comicse facultati conjunxit » (19 février 1605. Modène).

Nous trouvons une autre preuve du succès de Vecchi dans les imitations suscitées par ses œuvres. Dans le nord de l'Italie , le madrigal dramatique se maintient encore vingt ans, et il faut le génie de Monteverde pour assurer la victoire au drame réci- tatif, en le transformant (2). A Bologne, la cornedia arrnonica persiste pendant tout le premier tiers du dix-septième siècle, con- tre Giacobbi et les partisans de l'art nouveau.

��Le plus fidèle et le plus connu des disciples de Vecchi est le padre Adriano Banchieri, de Bologne (3) (1567-1634). Célèbre

��recitata alla presenza de' Serenissimi d'Esté. Bologne, 1654 (Par les soins de Gio. Batista Vaglierini).

(1) « ... quei virtuosi, che in uno stesso tempo crescono d'honoré, e di gloria insieme, emuli frà loro, ciascuno vorrebbe nel merito esser solo, per parer più segnalato, si corne nel demerito vorrebbe egli haver compagnia per parer men vergognoso. » [Veglie di Siena. Ai lettori.)

Ce passage me ferait croire que les inventeurs du drame récitatif flo- rentin avaient dû affecter quelque dédain pour le madrigal dramatique de Vecchi, qui enlevait en partie à leur œuvre l'intérêt de la nouveauté.

(2) La même année que l'Euridice de Péri, Guasparo Torelli, un Ombrien, de Città d. Castello (In pays de Raphaël enfant et de Piero délia Francesca), donne à Padoue I Fidi Amanti, à 4 voix, pièce pastorale, 1600.

(3) Adriano Banchieri, né à Bologne en 1567; élève de Joseph Guami, or- ganiste de Saint-Marc, organiste à Imola en 1603, moine olivétain, orga- niste de S. Michèle in Bosco près Bologne, peut-être abbé en 1612, mort en

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