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L’apparition de Josquin des Prez, à la fin du quinzième siècle (1450-1521), est un des faits les plus considérables de la musique moderne. Il transforme par l’esprit l’art de ses prédécesseurs. La fraîcheur printanière de son génie, son ingénuité raffinée, la verve d’une nature primesautière , ressuscitent la musique, et sous les formes anciennes et glacées du quinzième siècle, font briller le premier espoir du renouveau. Le contrepoint compliqué reste encore avec lui la langue d’un art qui renonce malaisément à son raffinement intellectuel; mais au moins il s’adoucit et devient plus humain. On n’y affecte plus de mépriser les sens. L’homme reprend ses droits et retrouve le charme pittoresque de la nature. — On conçoit la reconnaissance et l’enthousiasme de l’époque pour le maître des Pays-Bas (1).

Gastiglione (Cortegiano) nous atteste la popularité dont ses œuvres jouissaient dans les cercles mondains. La musique sort des cénacles. L’invention de la gravure musicale par Ottavio Petrucci de Fossombrone (1502) (2), répand les œuvres des maîtres, et fait tout à la fois pénétrer l’art dans la vie, la vie dans l’art. Sûrs maintenant d’un public, les compositeurs écrivent pour lui, et non plus seulement pour les règles (3).

(1) Josquin des Prez, né sans doute et mort à Condé (1450-27 août 1521), fut cantor de la chapelle de Sixte IV, de 1471 à 1484; on le trouve aussi à la cour d’Hercule de Ferrare et à celle de Louis XII dont il fut premier chantre. Il jouit d’une immense popularité, qui domina l’Europe entière jusqu’en Hongrie et Bohême, pendant plus d’un demi-siècle. Toute l’Europe se disputa son origine v Le moment le plus brillant de sa gloire est le pontificat de Léon X (Voir Folengo dans La Macaronéide, Phant. XX). — Glarean, qui vécut de son temps, écrit : « Nemo hoc symphonetà affectus animi in cantu efficacius expressit. Nemo felicius orsus est, nemo gratiâ ac facilitate con eo ex aequo certare potuit » {Dodecachordon. Bâle, Henric. Pétri, in-fol., 1547). Il le compare à Virgile. — Voir aussi : Gafurius Fran- chinus, Practica musicae utriusque canlus , III, 13. 1512, Venise, in-fol. Spataro, Traclato di musica. Venise, Vitali, in-fol., 1531. Folengo (pseu- donyme : Limerno Pitocco), Ovlandino, III, 23.

(2) Anton Schmid, Oltaviano Petrucci da Fossombrone, in-8°, 1845. Ver- narecci D. Ang. OU. Peir. da Fossomb. inventore dei tipi mobili metallici délia musica nel sec. XV. Fossombrone, Monacelli, 1881.

(3) Voir, pour l’immense popularité de la musique sous Léon X, le Raphaël de M. Mùntz, 1881, p. 426 et 427.

En mars 1518, on représente au Vatican, devant Léon X, les Suppositi de l’Arioste, avec intermèdes en musique. « On récita la comédie, qui fut bien jouée , et à chaque acte il y eut un intermède do musique avec les fifres, les cornemuses, deux cornets, des violes, des luths, et le petit orgue aux sons si variés. H y avait 0X1 mémo lonips une flûte et une voix qui plut beaucoup; il y eut aussi un concert de voix qui ne réussit pas aussi bien,

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