LA DÉCADEiNCE ITALIENNE. 279
son fiancé. Virginius répare sa brutalité en épousant à son tour la sœur d'Appius; et, pour ne pas demeurer en reste, Appius épouse une dame romaine, Valérie.
Telles sont les sources d'inspiration des artistes de l'époque. Encore ai-je soin de ne choisir que les pièces les plus fameuses. Scarlatti a écrit sur celle-ci sa musique la mieux venue, et le sujet sembla si beau, que quinze ans plus tard, Leonardo Vinci le re- prenait pour une musique nouvelle (1712).
C'est à peine si deux ou trois braves gens protestent contre les extravagances de l'époque. Roberti, dans le prologue de sa Rosi- monda (1696), s'élève avec indignation contre les galanteries amou- reuses, au nom d'Electre, de Médée, de Sophocle, d'Euripide et de Sénèque. Busenello (1), dans sa préface des Amours d'Apollon et Dafné, rend responsable de ce mauvais goût Guarino et son Pastor Fido. Ce goût a malheureusement toujours été celui de l'Italie; et si de telles récriminations étaient jamais utiles, peut- être s'adresseraient-elles mieux au Tasse, et à son imagination romanesque, qu'au pauvre Guarino, qui n'a rien inventé. Mais la Renaissance tout entière serait coupable; et qui aurait le courage de lui reprocher cette joie enfantine et raffinée de la galanterie et des jeux amoureux, qui brille d'un frais éclat dans les comédies de Shakespeare et dans la Jérusalem délivrée. Leur jeunesse fait leur charme; et le tort de l'Opéra du dix-septième siècle est, comme un vieil enfant, de jouer à des jeux qui ne sont plus de son âge.
M. Kretzschmar ramène à une formule arithmétique, la plupart des comédies de l'époque. Soient donnés deux, ou quatre, ou six amoureux d'une part; une, ou trois, ou cinq princesses de l'au- tre; naturellement, un amoureux s'en retourne les mains vides. Les combinaisons peuvent varier. Par exemple, la dame B est aimée du prince A, mais aime le général G, qui aime la prin- cesse D. Ou bien la dame D ne sait lequel choisir entre A, G et E. Ou bien les uns et les autres ne sont pas ceux pour lesquels ils sont pris. Et la plupart du temps, les maris^ne reconnaissent pas leurs femmes; les parents, leurs enfants; les frères, leurs sœurs. Le travestissement sévit de la façon la plus extravagante. Les étrangers ont peine à comprendre ce goût monstrueux dos Ita- liens. Mais, outre qu'on y pourrait saisir quelques traces d'une déviation morale et d'un goût singulier, que Praxitèle et Léonard
tions les plus atroces. Tuez les subalternes tant qu'il vous plaira, mais los virtuoses doivent être inviolables. » (Frés. de Brosses.) (1) Voir p. 168.
�� �