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L OPÉRA EN FRANCE. 247

neille (1) donne Andromède au Petit-Bourbon, avec musique de d'Assoucy. En 1654, Quinault publie sa Comédie sans comédie, comprenant un prologue, une pastorale (Cléonice), une comédie (le Docteur de verre), une tragédie (Clorinde), et Armide et Renaud, drame lyrique (2).

De leur côté, les musiciens français, pris d'une curieuse ému- lation, cherchent le style dramatique. Ils se préparent au théâtre par les Dialogues et les Chansons.

a C'est par les chansons qu'on a trouvé , » dit Menestrier, « la fin de cette musique d'action et de théâtre qu'on cherchait depuis si longtemps avec si peu de succez, parce qu'on croyait que le théâtre ne souffrait que des vers alexandrins et des sentiments héroïques semblables à ceux de la grande tragédie. »

Les musiciens en avaient pris l'idée sans doute, dans les mé- diocres vaudevilles du temps, connus sous le nom de Comédies de chansons (3). Soixante ans après les Florentins, ils travaillèrent à noter l'accent lyrique des mots et le mouvement des passions.

« Il y a plusieurs dialogues de Lambert, de Martin, de Per- digal, de Boisset et de Gambert qui ont servi pour ainsi dire d'ébauche et de prélude à cette musique que l'on cherchait, et qu'on n'a pas d'abord trouvée (4). »

��(1) Corneille avait déjà collaboré à quelques ballets, sous le gouvernement de Richelieu (entre autres, au « Château de Bissêtre »).

(2) La même année (14 avril 1654), on donne à la cour un opéra italien de Carlo Caproli : Le Nozze di Peleo e Theti, avec machines de Torelli. Les airs de danse sont à la Bibl. du Conservatoire de Paris.

(3) La première comédie en chansons fut publiée en 1640, chez Toussaint- Quinet, au Palais , in-12. On l'attribue à Timothée de Chillac et Ch. Beys.

« Il n'y a pas un mot, » dit l'avertissement, « qui ne soit un vers ou un couplet de quelque chanson, et l'on a si bien entremêlé les choses, qu'une chanson ridicule répond souvent à une des plus sérieuses, et une vieille à une nouvelle. » Il ajoute que l'ingénieuse invention d'avoir enchaîné des airs de cour et des vaudevilles a été exécutée d'une façon si subtile, que cela s'est transformé en un « chef-d'œuvre, » et « les esprits rustiques et grossiers seront les seuls à n'être pas de cet avis. »

D'autres lui succédèrent : la Comédie des proverbes, par Montluc (1654); Ylnconstant vaincu, pastorale en chansons (Paris, Est. Loyson, 1661 ; rééditée en 1662).

Ce genre, si vulgaire qu'il fût, répondait au goût d'une race qui ne pense pas en musique, et n'y est pourtant pas insensible. La même essai se répé- tera, un siècle plus tard, en Angleterre (Voir chapitre X. Appondice. Tho Beggar's Opéra).

(4) Voir Menestrier. Airs en style narratif. Airs d'amant désespéré. Le brillant luthiste Michel Lambert s'y fit surtout remarquer.

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