Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/252

Cette page n’a pas encore été corrigée

238 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

« sur l'advis de la reine nostro tres-chero et tres-honorée dame et mère, de nos tres-chers et tres-amez frères les ducs d'Anjou et d'Alençon, princes de notre sang, » se déclare protecteur et pre- mier auditeur de l'Académie de musique. Le Parlement, avec son étroitesse d'esprit ordinaire, qui crut toujours faire acte de liberté en faisant acte de maussaderie, opposa à l'ordre du roi une mauvaise grâce non dissimulée. Il prétendit que « l'entre- prise » de Baïf a tendoit à corrompre, amolir, effrener et pervertir la jeunesse. » En vain Baïf proposa-t-il à la Cour d'envoyer une délégation à un des concerts (« et particulièrement priant mes- seigneurs les premier président et tel des plus anciens conseillers de la Cour qu'il luy plaira nommer, avec monseigneur le procu- reur gênerai, et l'un des deux advocats du roy, accepter d'estre de nom et de fait reformateurs de l'Académie. ») Le Parlement renvoya la requête aux différentes Facultés. Le 22 janvier 1571, le recteur exposa qu'il en avait conféré avec l'archevêque de Paris, et que ce dernier avait promis de se joindre à l'Université, si elle produisait de bonnes et valables raisons contre l'Acadé- mie. Les Facultés reprirent donc l'examen minutieux de l'affaire. Mais le roi coupa court à ces ergotages, et ordonna l'ouverture de l'Académie. Il fit plus ; il obligea ses principaux favoris à en faire partie, et « octroya à Baïf, de temps en temps, quelques offices de nouvelle création et de certaines confiscations (1), » pour subvenir aux premières dépenses.

judice... Et à ce que à notre intention ladite académie soit suivie et hono- rée des plus grands, nous avons libéralement accepté et acceptons le sur- nom de protecteur et premier auditeur d'icelle, parce que nous voulons et entendons que tous les exercices qjxi s'y feront soient à l'honneur de Dieu, et à l'accroissement de noslre Estât et à Vornement du nom du peuple françois. Si donnons en mandement à nos amez et féaux les gens tenans nos cours de parlement, chambre de nos comptes , cours de nos aydes, baillifs, seneschaux et autres nos justiciers et officiers qu'il appartiendra, que celuy nostre présent establissement, ils fassent lire, publier et enregis- trer en leurs cours et juridictions, et icelle entretenir, garder et observer de poinct en poinct et du contenu en icelles laisser jouir et user lesdits supplians, leurs supposts et successeurs en ladite académie plainement et paisiblement , cessans et faisans cesser tous troubles et empeschemens au contraire. Car tel est nostre plaisir. En témoin de ce, nous avons signé ces présentes de nostre main et à icelles fait mettre et apposer notre scel. Donné au faux-bourg Saint-Germain au mois de novembre 1570. Et de no- tre règne le 10.

» Ainsi signé : Charles. Et sur le reply : Par le roy. De Neufville. » (Du Boulay, id.)

(1) Manuscrit de Colletet, 1644. Fragment publié par Sainte-Beuve : Ta- bleau de la poésie française au seizième siècle, 2 e édit., p. 420.

�� �