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L OPERA EN FRANCE. 237

pie de Platon, il reconnaît l'importance sociale de la musique, approuve le dessein que Baïf et Courville ont de la diriger, et

��anciens, ne soit à mespriser, à sçavoir quil importe grandement pour les mœurs des citoyens d'une ville que la musique courante et usitée au pays soit retenue sous certaines loix , dautant que la pluspart des esprits des hommes se conforment et comportent, selon qu'elle est, de façon que où la musique est desordonnée, là volontiers les mœurs sont dépravez, et où elle est bien ordonnée, là sont lés hommes bien morigénez. A ces causes et ayant veu la queste en nostre privé conseil, présentée par nos chers et bien amez Jean Antoine de Baïf et Joachim Thibaut de Courville, contenant que depuis trois ans en çà ils auroient avec grande estude et labeur assi- duel unanimement travaillé pour l'advancement du langage françois , à re- mettre sus, tant la façon de la poésie, que la mesure et règlement de la mu- sique anciennement usitée par les Grecs et les Romains , au temps que ces deux nations estoient plus florissantes , et que dès cette heure pour le peu qu'ils y ont employé, ils auroient desjà parachevé quelques essays de vers mesurez mis en musique, mesurés selon les loix à peu près des maîtres de la musique du bon et ancien âge. Et qu'après l'entreprise louable, menée jusques à tel point, ils n'ayent pu penser ny trouver meilleur moyen de mettre en lumière l'usage des essays heureusement réussis..., que dressans à la manière des anciens, une académie ou compagnie composée, tant de compositeurs, de chantres et joueurs d'instrumens de la musique, que des honnestes auditeurs d'icelle, que non seulement seroit une eschole pour servir de pépinière, d'où se tireront un jour poètes et musiciens, par bon art, instruits et dressez pour nous donner plaisir, mais entièrement profi- teroient au public, chose qui ne se pourroit mettro en effet sans qu'il leur fust par les auditeurs subvenu de quelque honneste loyer pour l'entretien d'eux et des compositeurs, chantres et joueurs d'instrumens de leur musi- que, ni mesme entreprendre sans notre adveu et permission. Sçavoir fai- sons , que nous après avoir mis cette affaire en délibération et eu sur ce l'advis de la reine nostre tres-chere et tres-honorée dame et mère, de nos tres-chers et tres-amez frères les ducs djAnjou et d'Alençon, princes de nostre sang et autres grands et notables personnages de nostre conseil, avons suivant iceluy pour l'établissement de l'académie ou compagnie sus- dite permis et accordé, permettons et accordons auxdits de Baïf et do Courville pour eux, leurs supports, et successeurs en icelle ce qui s'ensuit; qu'ils puissent dresser leur académie de musique, et pour cet effet choisir et prendre ceux qui de leur bon gré voudront y entrer pour subvenir à l'en- tretenement de ladite académie... Et pour ce que après qu'ils auroient mis peine d'apprendre et dresser des enfans et des chantres en leur musique, il y auroit danger que par aucuns malins ils fussent soustraits et débauchez : nous avons fait et faisons défenses à toutes personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient d'y altcnter aucunement... Et pour davantage favoriser et autoriser ladite académie et louable entreprise desdits do Bftlf et de Courville, les avons, ensemble les compositeurs, chantres et joueurs d'icelle, avouez et avouons jusques au nombre de six pour nostres, des- quels le roole sera par chacun an signé de nous, leur donnant et octroyant par ces présentes lois et semblables privilèges, franchises et libertez dont jouissent nos autres domestiques, pourveu qu'ils n'en abusent à noslrc pro-

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