LOPÉUA EN ALLEMAGNE. 199
mands ou italiens, attirés par le duc : Jacob Fossa, Anton Mo- rari, Giulio Gigli, etc.
La première mention d'un spectacle lyrico-dramatique est de 1568 (1), sous le duc Albrecht V. On le voit d'après un livre de comptes, où le Napolitain Massimo Trojano, et Simone Gatti, musiciens connus, reçoivent 20 florins pour avoir joué une co- médie. La musique en a été perdue; mais Trojano nous a laissé le récit des représentations lyriques, données en l'honneur des noces du prince Wilhelm. Roland de Lassus y jouait lui-même,
��ses œuvres les plus renommées , et y meurt (de folie) en 1594. Il avait été anobli par l'empereur Maximilien , le 7 décembre 1570, à la diète de Spire.
(1) Je passe sur les Mystères, communs à toute l'Europe chrétienne (Voir L. Janssen, L'Allemagne à la fin du moyen âge, et Wilken, Geschichte der geistlichen Spiele in Deutschland. Gôttingen, 1872), — sur les Lamentations de Marie (M. R. Eitner en a publié un spécimen : Marienhlage, du qua- torzième siècle, dans la Publikation altérer Musik Werhe, 1881, t. X), et les Jeux spirituels de toute sorte (Dans le même volume de la collection Eitner, un Geistlich spiel de Suzanne. 1535, Zwickau), — Pour les deux derniers genres, la musique n'y consiste guère qu'en des chorals, ou des sortes de dialogues en plain-chant.
Je n'insiste pas davantage sur les comédies du carnaval au quinzième siècle (réunies en trois volume, Stuttgart, 1853, par Av. Keller), et sur les comédies latines, telles que les Scaenica progymnasmala (hoc est ludicra praeexercitamenta) de Jean Reuchlin, joués en 1497, avec des mélodies de Daniel Megel (Vienne, 1523).
Certaines tentatives d'opéras madrigalesques sont plus intéressantes. Une des plus fameuses est le Ludus Dianae (in modum Comediae) de Conrad Celtes, pour les noces de l'empereur Maximilien I er avec Maria Bianca Sforza, à Milan, en 1494 (Nuremberg, Hier. Holcelio, 1501). On en trouvera l'analyse dans Ambros (IV, 212 et 213) et dans Lavoix (Gazette musicale, sept, et oct. 1877). Ce ne sont guère que cinq morceaux, d'un style assez lourd, à 3 et 4 parties, intercalés dans une pièce de circonstances et d'allé- gories (chœur de nymphes et faunes, etc.). (Un exemplaire à Prague.)
Au même genre appartient un Feslspicl de 3 chœurs à 4 voix, par Be- nedictus Chelidonius, joué à Vienne en 1515 devant la reine de Hongrie (Bibl. de Vienne).
Il n'y a point trace en tout cela d'action dramatique. Ainsi devaient être les chœurs entr'actes des tragédies italiennes au seizième siècle.
L'Oratorio s'annonce cependant au seizième siècle, en Allemagne comme en Italie, par diverses Passions. La plus célèbre est la Passion selon saint Jean, par Jacob Ilàndcl (ou Ilacndl, plus connu sous son pseudonyme Gallus), jouée à Prague en 1587. C'est une narration do la mort du Christ, faite par deux chœurs, dont le plus élevé (2 BOp., 2 ait.) représente le Christ; l'autre, Judas, Pilate, etc.; et les deux réunis, l'assemblée du peuple, des docteurs, etc. On pourra comparer l'esprit de cet art à celui du madrigal italien, tel quo nous l'avons vu dans Vecchi, Banchicri, et ïorelli.
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